Diabiara Maroufa à propos du 28 novembre en Mauritanie

Je me souviens quand j’étais tout petit en Atar , puis au Nouadhibou ou au Kaédi des préparatifs de la fête de notre indépendance nationale. En effet, une semaine avant la fête démarraient les fameuses marches aux pas de militaires des élèves de toutes les écoles de la Mauritanie d’Ayn Bintili à Khabou . Toutes les écoles rivalisaient d’ardeurs et de labeurs en vue des fameux défilés des élèves et autres parades devant la Place publique… La veille du 28 novembre, aucun élève ne dormait de peur de rater ce moment solennel commémoratif de la fête de l’indépendance , notre indépendance qui marque notre existence dans le concert des nations… Ces moments étaient joyeux , la foule, comme les élèves et les militaires qui paradaient étaient bigarrés sans contradictions aucune et la communion était à son paroxysme : le moment pour tous d’oublier les soucis aux fins de sacrifier à l’événement. Mais hélas ! Cette date et cet événement tant chantés et loués n’ont duré que trois décennies, c’est puisqu’ils sont estompés par la bêtise humaine. Depuis le 28 novembre 1990 , cette date a perdu tout son sens. Oui cette date , symbole jadis de communion est devenue lugubre au regard des militaires numérotés d’un à vingt et huit (1 à 28) et pendus jusqu’à ce que le mort s’ensuive sans autre forme de procès dans l’Enfer d’Inal ! 《Comment justifier que des hommes qui se soient battus pour leur patrie soient numérotés et rangés sous un hangar et pendus comme ça…Nous n’avons raconté que le strict minimum par rapport aux atrocités que nous avons vécues à Inal , Jreida, Azlat et dans les autres bases. Il y a la volonté d’humilier et de tuer… 》dit un rescapé. Et un autre rescapé d’enchaîner : 《Nous avons été battus et tués par nos propres frères d’armes et c’est ça le grand drame. De nombreux auteurs de crimes sont morts ainsi que des victimes, il est temps que la Mauritanie soit confrontée à son sinistre passé.

 

Mauritanie : 28 Novembre, quand tu nous reviens ! Temoignages

Selon Samba Thiam , le 28 novembre qui était une date joyeuse , cesse de l’être pour cause des atteintes graves aux droits de l’homme !

Quoi qu’on dise ou pense , on convient tous de s’entendre quel l’anniversaire de notre fête nationale a perdu tout son sens depuis le 28 novembre 1990 》 dit l’ex capitaine Ndiaye dans le reportage de Djibril Diaw .

À entendre ces témoignages tristes , il est temps que nos gouvernants fassent leur mea-culpa pour explorer les pistes et solutions permettant de résoudre une bonne fois pour toutes cette situation. 《Nous vivons un parallélisme intercommunautaire et nous le savons tous : dans les services , les transports , chaque communauté est à part et cette situation est une résultante des événements de 1987 à 1991 , dit amer un ancien militaire rencontré.

Seul un gouvernement fort pourrait résoudre ce problème. Le 28 novembre, va-t-il redorer son blason et redevenir ce qu’il était autrefois ?

Paix à l’âme des martyrs.

 

Yahya Niane pour Rapideinfo