La corruption reste l’un des fléaux les plus enracinés de la gouvernance publique en Mauritanie.

Dans un pays où les détournements de fonds publics se multiplient, les responsables corrompus restent souvent intouchables, les sanctions se limitent à des limogeages, et l’impunité endémique permet aux prédateurs de continuer à piller les ressources nationales, minant durablement le développement et la confiance des citoyens.

La corruption reste l’un des fléaux les plus enracinés de la gouvernance publique en Mauritanie. Malgré les rapports accablants, les promesses politiques et les discours sur la transparence, le mal perdure, se renforce même, au point de devenir un système à part entière.

Le récent rapport de la Cour des comptes, couvrant les années 2022 et 2023, en est la preuve éclatante. Il met au jour des irrégularités financières massives, estimées à plusieurs centaines de milliards d’ouguiyas, impliquant des responsables de haut niveau dans différents secteurs de l’État. Ces pratiques, loin d’être isolées, traduisent une culture administrative où l’enrichissement personnel prévaut sur l’intérêt public.

Des annonces politiques récurrentes, mais peu d’effets concrets

Face à ces dérives, le gouvernement a souvent affiché sa volonté de sévir. Le Premier ministre Mokhtar Ould Diay a réuni les ministres et les directeurs concernés, appelant à la mise en œuvre des recommandations de la Cour des comptes et rappelant les instructions fermes du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani pour une application rigoureuse.

Mais au-delà des déclarations et des engagements solennels, les résultats tardent à se faire sentir.

Les sanctions, quand elles existent, restent le plus souvent administratives : des limogeages ou des mutations, rarement des poursuites judiciaires.

 

Là où certains pays jugent et condamnent, en Mauritanie, on se contente souvent de limoger. Et, ironie du sort, les mêmes individus réapparaissent plus tard à d’autres postes, poursuivant impunément le pillage des deniers publics.

Une mécanique d’impunité bien huilée

Ce qui devait être l’exception est devenu la règle. La corruption en Mauritanie n’est plus un scandale : elle est institutionnalisée.

Les contrôles administratifs sont faibles, les organes de régulation manquent d’autonomie, et la justice censée être le dernier rempart semble parfois instrumentalisée ou paralysée.

Ce système d’impunité généralisée profite à une élite politico-administrative qui s’est accaparée les leviers économiques et financiers du pays.

Résultat : aucun signal fort n’est envoyé aux corrompus, et les citoyens, eux, continuent de payer le prix de la mauvaise gouvernance à travers la pauvreté, le chômage et la dégradation des services publics.

C’est précisément pour cette raison que la corruption persiste et compromet durablement le développement du pays.

Un État faible face à ses propres prédateurs

L’État mauritanien, bien qu’affichant une volonté de réforme, semble impuissant face à l’ampleur du phénomène. Chaque rapport, chaque scandale, chaque promesse de “tolérance zéro” se heurte à la même réalité : les prédateurs des deniers publics ne craignent plus rien.

La Cour des comptes accomplit un travail salutaire en exposant les dérives, mais sans un suivi judiciaire rigoureux et indépendant, ces révélations resteront des lignes dans un rapport oublié.

La population, quant à elle, oscille entre colère et résignation, consciente des injustices mais désabusée face à l’absence de résultats concrets.

Un test politique majeur pour le président Ghazouani

Pour le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, la lutte contre la corruption constitue un test politique décisif. Sa crédibilité, son héritage et la confiance des citoyens dépendront de sa capacité à briser ce cercle vicieux où les scandales se succèdent sans conséquences réelles.

Les Mauritaniens n’attendent plus de discours, mais des actes forts : des procès équitables, des sanctions exemplaires et la restitution des fonds détournés.

Faute de quoi, la corruption continuera de ronger les fondements de l’État et d’hypothéquer l’avenir du pays.

L’heure de vérité

La corruption en Mauritanie n’est plus un simple problème moral ou institutionnel : c’est une question de survie nationale.

Tant que les responsables resteront protégés par leurs fonctions et leurs réseaux, aucune réforme ne sera crédible.

L’heure n’est plus aux rapports ni aux promesses : le pays doit choisir entre la justice et la complaisance.

Et pour l’instant, c’est la corruption qui gagne

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