Le procès des huit policiers accusés du meurtre de l’activiste feu Soufi Ould Cheine a commencé dernièrement, avec des révélations sans précédent sur les détails de cet abominable crime survenu dans l’un des commissariats de police.
Le premier témoin dans cette tragédie qui prendra sans doute, plusieurs mois pour révéler toutes ses zones d’ombres, en l’occurrence le sergent de police Mohamed Ould Elemine, dit Mahmoud, qui était chargé de superviser l’équipe de garde au commissariat, a déclaré avoir reçu la victime du chef de section Ch. Gh. en exécution du mandat d'arrêt, disant :
- Le plaignant de la victime était présent
- Le frère de la victime (membre du GGSR) est venu me voir, demandant de la placer victime sous sa garde ; cet à quoi le Commissaire s’est opposé
- Le Commissaire a ordonné que la victime lui soit présentée dans son bureau... La victime est sortie bien portante de la cellule.
- Un de mes collègues a apporté des menottes en fer du poste de garde au bureau du Commissaire.
- Quelques instants plus tard, un de mes collègues est revenu vers moi, les mains couvertes de sang.
- Je ne pouvais pas rester sur les lieux car subi récemment un cathétérisme... et mon cœur était sensible... je suis sorti du Commissariat et je suis resté devant.
- Trois individus relevant de la CSPJ (Commissariat Spécial de la Police Judiciaire) étaient présents, sans que je sache pour quel motif
- L'un des agents a demandé une voiture de police pour emmener la victime à l'hôpital.
- Le commissaire m'a demandé de rédiger un rapport sur l'incident, sous prétexte d’une demande formulée par le Procureur de la République d’une déclaration sur les noms des membres de l’équipe de garde. J'ai mis mon nom en tête de la liste car je suis le chef de l’équipe.
- S/J Lorsque la victime a été emmenée dans la salle de sécurité, nous lui avons enlevé son boubou, ses lunettes et tout ce qui pouvait servir au suicide. J'ai également pris sur elle 50 000 ouguiyas comme objets saisis, que j'ai enregistrés dans le registre des états courants.
- S/J une heure et demie est le temps qui sépare environ sa sortie du poste et son retour évanoui,
- S/J Un des agents a changé à l'intérieur du Commissariat ses vêtements tachés de sang
- S/J « Concernant la clarification relative au nom de famille du témoin », il dit : « Je suis d’Eoulad Deymane, des gens d’Iguidi et mon nom de famille est (Mahmoud), ce qui a une signification dans le Guebla (Sud).. et ce que je dirais est clair pour moi, parce que je ne suis pas curieux et je vous rappelle que je ne suis pas concerné par l’arrivée tardive du Commissaire.
- S/J l’agent couvert de sang m'a dit que la victime saignait du nez.
- S/J J'ai dit à un de mes collègues : si on me le demande, je témoignerai que c'est vous qui m'avez enlevé de force Soufi.
- S/J Au moment de l'incident, je n'ai pas entendu de bruit suspect car j'étais occupé à regarder des matchs sportifs à la télévision du poste de garde, puis je suis sorti dans la rue car je me sentais essoufflé (puisque que je suis cardiaque).
- S/J La victime est venue au poste et elle est partie sans manifester symptôme de maladie.
La mort du militant des droits de l’Homme Souvi Ould Cheine, survenue il y a un an (11 février 2023), dans des circonstances inconnues et des violences policières présumées avaient déclenché plusieurs manifestations à Dar-Naim, à Nouakchott. La police anti-émeute avait dispersé les manifestants venus protester aux portes du Commissariat numéro 2 de Dar-Naim, où Souvi Ould Cheine avait été arrêté et où il rendra l’âme à la suite de tortures policières. Le procureur général avait qualifié de crime les actes de violence infligés par les flics au défunt.