"Il est important que la Mauritanie reste stable", déclare le député allemand Carl-Julius Cronenberg

Au micro de la DW, le député allemand du parti libéral FDP, qui constitue avec les Verts et les socio-démocrates du SPD la coalition au pouvoir en Allemagne et  préside également le groupe parlementaire pour les Etats du Maghreb. ,Carl-Julius Cronenberg voit dans la Mauritanie un pôle de stabilité dans une région tourmentée.

Il s'exprimait au micro de la Deutsche Welle après la victoire de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani à l'élection présidentielle du 1er juillet. L'interview a été menée par DW News and Current Affairs à Berlin.

 

DW : En Mauritanie, le président sortant Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a été récemment réélu à la tête de la Mauritanie. Le pays devient de plus en plus important pour les Occidentaux. Dans les pays voisins comme le Mali, les hommes au pouvoir ont tourné le dos notamment à la France et à l'Allemagne. Quelles relations faut-il envisager avec Nouakchott ?

Carl-Julius Cronenberg : Comme vous l'avez dit, la région est instable. Malheureusement, le Sahel a été le lieu de plusieurs coups d'État dans plusieurs pays voisins. Mais la Mauritanie est un peu l'exception. C'est un maillon important entre le Maghreb et l'Afrique de l'Ouest et malgré sa superficie, d'un million de kilomètres carrés, c'est une petite population. Pour nous, il est très important que la Mauritanie reste stable et se développe. A partir de là, elle peut aussi impulser plus de développement dans le Sahel. 

DW : Quels sont les principaux intérêts de l'Allemagne en Mauritanie ? 

Carl-Julius Cronenberg : Tout d'abord, et malheureusement, la migration joue un rôle très important. La Mauritanie est un pays de transit, mais malheureusement aussi un pays de départ de migrants. Il y a un manque de perspectives professionnelles pour la population qui est très jeune. Là il faut avoir des accords et c'est très bien que l'Allemagne signe de plus en plus d'accords de migration avec les principaux acteurs en Afrique. 

Le deuxième grand sujet, c'est l'énergie. Nous espérons voir se développer l'industrie de l'hydrogène vert en Mauritanie. Je sais que la Mauritanie cherche des investisseurs. L'Allemagne en tant qu'État n'investit pas, mais l'Union européenne ou des investisseurs privés peuvent peut-être investir à l'avenir dans l'hydrogène vert. Il manque la connectivité, c'est à dire les infrastructures, mais il manque aussi la formation professionnelle pour les ingénieurs et pour les gens qui travaillent sur place. Donc là, l'Allemagne peut apporter beaucoup d'aide au développement. 

 

DW : Très concrètement, la Mauritanie partage un champ de gaz sur la côte atlantique avec le Sénégal, dont l'exploitation est sur le point de démarrer. Est-ce que ce potentiel attire une Allemagne qui cherche à multiplier ses fournisseurs en énergie ?  

Carl-Julius Cronenberg : L'Allemagne a besoin de beaucoup d'énergie et d'énergie verte de préférence. L'Allemagne doit importer des énergies qui sont compétitives au niveau des prix d'approvisionnement. S'il y a des projets de développement dans le gaz et l'hydrogène, les énergies renouvelables, du vent, du solaire, cela contribue non seulement au développement des pays de la région, mais aide aussi l'économie et l'industrie en Allemagne. 

DW : Et comment comptez-vous mobiliser les investisseurs privés pour s'engager en Mauritanie ?

Carl-Julius Cronenberg : A mon avis, c'est l'Union européenne qui joue un rôle important avec ses initiatives comme le Global Gateway (il s’agit d’une initiative de Bruxelles pour favoriser à travers le secteur privé, des partenariats internationaux dans les domaines du numérique, de l’énergie et de l’environnement, ndlr). La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a déjà été en Mauritanie pour voir s'il y avait des possibilités d'investissement dans le cadre du projet Global Gateway.

Aussi, il ne faut pas sous-estimer les possibilités de la Banque d'investissement européenne au Luxembourg, qui finance des projets d'investissement dans les infrastructures. A mon avis, ce sont de bonnes nouvelles pour les investisseurs privés en Europe, en Allemagne, qui s'intéressent à la région.