Avant de répondre à ces contradicteurs de valeur, je tiens à exprimer mon indignation face à l’exclusion injustifiée de l’Union des Anciens Candidats à la Présidence de la République (UACPR) des débats publics et des cérémonies officielles. Depuis 1992, une vingtaine de candidats encore en vie, ont brigué la magistrature suprême. Parmi eux, 15 sont membres de l’UACPR, une association officiellement reconnue en 2022 et présidée par le Ministre Bodiel Houmeid, avec le Ministre Ba Alassane Mamadou comme 1ᵉʳ Vice-Président et moi-même en tant que 2ᵉ Vice-Président. Alors, pourquoi restreindre les invitations aux seuls candidats de la dernière élection ? Si une référence électorale s’impose, c’est bien celle de 2007, unanimement saluée comme un modèle.
Revenons à notre débat :
La question migratoire mérite d’être abordée avec rigueur, loin des caricatures et des postures idéologiques. Derrière les accusations de "xénophobie" et d'"extrémisme", certains cherchent à disqualifier tout débat légitime sur un enjeu fondamental pour la souveraineté de notre pays. Il est essentiel d’aborder la question migratoire sans passion et avec rigueur. Parler de "submersion migratoire" ou d’"invasion étrangère" traduit une inquiétude réelle au sein de la communauté nationale, mais ces termes peuvent paraître excessifs ou chargés politiquement. Comme vous le savez, le langage façonne les perceptions et appartient au patrimoine universel. Cela dit, nier les défis posés par des flux migratoires incontrôlés serait antipatriotique et malhonnête.
En réalité, la migration en Mauritanie est avant tout une immigration. Il s’agit d’un flux unidirectionnel et irrésistible vers un pays à la fois convoité pour ses richesses, envié pour sa position stratégique, mais aussi – et paradoxalement – décrié parce qu’il incarne un modèle de cohabitation séculaire entre musulmans de cultures et de couleurs diverses, une réalité qui fascine autant qu’elle dérange. J’entends par ce concept d’immigration, tout déplacement de populations vers la Mauritanie, qu'il s'agisse de migration régulière, d'accueil de réfugiés ou de migration irrégulière.
L'immigration en Mauritanie : une réalité incontestable
Il est faux de prétendre que l’immigration en Mauritanie est un simple phénomène de transit. En réalité, elle est unidirectionnelle : des centaines de milliers de migrants s’installent durablement, modifiant notre équilibre socio-économique et démographique. Minimiser cet enjeu, c'est nier l'évidence. C’est jouer contre son camp. La Mauritanie a besoin de défenseurs sincères, pas de profiteurs. Cette réalité nous est dictée par une Europe néocoloniale, quelquefois avec la complicité de certains États voisins et, plus tragiquement encore, de quelques Mauritaniens eux-mêmes ! Il ne s’agit pas d’un "complot", mais d’une politique bien réelle où la Mauritanie est utilisée comme barrière migratoire, sans contrepartie significative.
Or, un pays qui peine déjà à offrir des services de base à ses propres citoyens ne peut supporter une immigration incontrôlée, ni accueillir toute la misère du monde, d’autant plus que ce flot humain ne se limite pas aux Africains subsahariens, mais inclut aussi des Asiatiques.
L’Effet d’Appel Endogène (EAE) : Un facteur d’instabilité économique et sociale
Nous faisons face à un chômage endémique, particulièrement chez les jeunes diplômés. L'économie peine à répondre aux besoins nationaux et l'augmentation des prix met à mal les ménages mauritaniens. Dans ce contexte, l'immigration de masse stimulée par une singularité mauritanienne que j’appelle l’Effet d’Appel Endogène (EAE), exerce une pression supplémentaire sur nos ressources limitées.
Ce phénomène EAE trouve ses racines dans des facteurs profondément ancrés dans notre société, tels que notre légendaire hospitalité, l'ouverture de nos foyers, le recours systématique à une main-d'œuvre domestique étrangère et l'engouement suscité par la découverte et l’exploitation de nouvelles richesses. La Mauritanie est présentée comme un nouvel Eldorado, une image amplifiée et largement relayée par une certaine presse européenne aux intentions peu innocentes. Elle apparaît ainsi comme l’une des rares portes d’entrée vers l’Europe, à l’heure où d’autres pays verrouillent hermétiquement leurs frontières. Le patronat mauritanien a joué un rôle clé dans l'aggravation de cette situation. En persuadant le gouvernement de ratifier des accords frontaliers défavorables, il a plaidé pour une ouverture des frontières sous prétexte de stimuler les exportations industrielles. Cependant, en l'absence d'une véritable industrie nationale, cette politique a encouragé l'afflux massif d'immigrés. Pire, ce même patronat privilégie l'emploi d'expatriés, perçus comme moins coûteux et offrant un service de meilleure qualité que les nationaux.
Un autre aspect préoccupant est le soutien opportuniste dont profitent certains immigrés. Certaines ambassades européennes à Nouakchott, ainsi qu’une partie de la classe politique et certaines ONG prétendument dédiées aux “droits de l'homme”, exploitent la question migratoire à des fins idéologiques. En prétendant défendre les "droits humains", ces acteurs soutiennent souvent les immigrés subsahariens contre l'intérêt national, souvent en raison d'une proximité ethnique ou raciale, plutôt que d'un véritable souci de justice universelle. Ils défendent une immigration massive qui ne sert ni la Mauritanie, ni ses citoyens. Il ne s'agit pas d'un humanisme désintéressé, mais d'un agenda politique. Nous touchons là, à un problème plus large : la montée d'un racisme politique, où des projets de société se construisent non sur des valeurs communes, mais sur la couleur de peau ou la haine du Maure. Cette dérive est dangereuse, prospérant là où l'État est faible. Une Mauritanie forte et souveraine ne peut tolérer ces clivages artificiels, qui ne servent que des agendas extérieurs et compromettent notre unité nationale. Le racisme n'est pas une opinion, c'est un crime qui mérite d'être jugé sans circonstances atténuantes et condamné sévèrement. Les sociétés plurielles et cosmopolites ne tolèrent pas la complaisance de l'État.
Identité et souveraineté : des enjeux vitaux
L'immigration incontrôlée ne menace pas seulement notre économie, mais aussi notre identité. Trois piliers structurent la Mauritanie :
L’Islam : ciment et socle de notre nation, il fait face à une épreuve sans précédent. Des influences étrangères s’emploient à éroder son rôle central, tandis qu’un afflux massif d’immigrants bouleverse l’équilibre religieux du pays. Aux 500 000 migrants déjà accueillis – comme l’a annoncé le Premier ministre des Canaries – s’ajoutent des centaines de milliers de réfugiés maliens à M’berra et un flot incontrôlé de clandestins, dont nombre ne partagent pas la foi musulmane. Une réalité inédite pour un pays historiquement à 100 % musulman.
La langue arabe et les langues nationales : garantes de notre unité, elles sont trop souvent marginalisées au profit d’une francophonie héritée de la colonisation et instrumentalisée pour diviser.
Le peuple mauritanien : sa cohésion est mise en péril par un afflux incontrôlé de populations qui ne partagent pas toujours nos valeurs et nos traditions.
Une politique migratoire ferme et juste
La gestion de l’immigration doit être basée sur des principes clairs :
La souveraineté nationale : la Mauritanie doit décider qui entre et qui s’installe sur son territoire, en fonction de ses intérêts propres.
Une régulation stricte : une politique migratoire laxiste met en péril notre stabilité et favorise la criminalité. Les récents incidents de Gougui et Tevragh Zeina en sont des exemples concrets.
Le refus des ingérences étrangères : ni l’Europe, ni les ONG, ni certaines élites ne doivent dicter à la Mauritanie sa politique migratoire.
Conclusion : une Mauritanie maîtresse de son destin
Il est impératif de fermer les frontières et de renégocier sans concession les accords défavorables avec les pays voisins. L’immigration régulière doit être gelée, car le seuil de tolérance est dépassé, tandis que l’immigration clandestine doit être combattue sans relâche. Le refoulement des sans-papiers n’est plus une option, mais une nécessité dictée par la survie nationale. Certes, il est profondément immoral de refuser l’accueil à un être humain en détresse, d’autant plus lorsqu’il est frère et voisin. Mais c’est une dette lourde que la Mauritanie doit aujourd’hui régler pour éviter les périls qui la guettent.
Il est temps que la Mauritanie cesse d’être un pion dans les stratégies migratoires internationales et reprenne pleinement le contrôle de son destin.
Qu’ALLAH protège notre Mauritanie commune.