Mauritanie : L’AJD/MR révèle les trois conditions préalables à toute participation au dialogue national

L’officialisation des langues nationales et l’abrogation de la loi sur les partis, d’une part et de la loi d’orientation sur l’éducation nationale, d’autre part, constituent les trois conditions préalables à « notre participation au dialogue national », indique le parti mauritanien l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement du Renouveau (AJD/MR).

Le parti exige également, et pour que le dialogue soit lancée de la meilleure des manières, que l’opposition soit associée dès le départ à la définition des points à inscrire à l’ordre du jour dudit dialogue inclusif.

L’AJD/MR a requis par ailleurs dans son communiqué relatif à son éventuelle participation, au dialogue, dont ci-dessous, l’intégralité, l’engagement du gouvernement à mettre en œuvre les conclusions consensuelles auxquelles il parviendra : 

« Après avoir mis en échec deux dialogues qu’il a lui-même initiés, le régime de Ghazouani agite à nouveau la perspective d’une rencontre avec l’opposition pour discuter des problèmes du pays. Comme à l’accoutumée pour l’opposition, sa vie politique semble hélas rythmée par l’agenda du pouvoir.

 

Elle s’agite à nouveau pour savoir s’il faut y répondre positivement ou non. Jusque-là l’AJD/MR, lancée dans une initiative de réunir l’opposition autour d’un dialogue interne que nous avons toujours appelé de nos vœux, s’est gardée de rendre publique sa position sur l’appel au dialogue du pouvoir, espérant qu’il se dégagerait une démarche commune avec les autres partenaires de l’opposition.

 

De ce point de vue, les discussions se poursuivent et nous en sommes toujours pleinement partie prenante. Mais au regard des positions déjà exprimées par les uns et les autres, il ne nous est plus possible de demeurer dans l’expectative.

 

Nous saisissons donc l’occasion de cette déclaration pour faire connaitre notre vision de ce que doit être un dialogue et les préalables qui nous apparaissent incontournables.

 

En premier lieu, la sincérité d’un appel au dialogue se mesure à l’aune de l’identification claire de son initiateur. Si l’initiative vient du président de la république, alors il est important qu’il le déclare solennellement. Cela aurait le mérite d’indiquer clairement qu’il se sent engagé par les conclusions éventuelles qui s’en dégagent.

 

Le président de la république s’engagerait publiquement à appliquer les points d’entente issus du dialogue qu’il a lui-même initié.

 

Par ailleurs, l’AJD-MR ne peut s’empêcher de constater que toutes les fois où le pouvoir a appelé au dialogue, il s’est illustré en amont par une fuite en avant. Ainsi, quel sens peut-il y avoir à voter au sujet des partis politiques une loi anti-démocratique dans son principe, scélérate et irréaliste dans sa déclinaison opérationnelle, et ce juste avant un dialogue qu’on a soi-même voulu ?

 

La même question de sens et de cohérence se pose quant à la loi d’orientation sur l’éducation également votée juste avant un appel au dialogue par le pouvoir ? Cela nous éclaire sur la volonté de nos gouvernants à engager un vrai dialogue avec l’opposition.

 

Ainsi l’AJD-MR, tout en réitérant sa vocation naturelle de parti politique à dialoguer avec le pouvoir, n’entend pas dévoyer le principe même du dialogue et trahir sa ligne politique pour se rendre complice de ce qui ressemble déjà à une opération cosmétique.

 

Nous appelons nos partenaires de l’opposition à la vigilance et à la lucidité, pour déterminer une position commune autour de préalables sans lesquels le dialogue ainsi envisagé risque de ressembler à tous les autres : un écran de fumée qui permet encore une fois au pouvoir de jouer avec notre intelligence. Si le président de la république veut donner à l’opposition et partant à l’AJD-MR, un gage de sa bonne foi, il doit immédiatement prendre les mesures suivantes pour favoriser la participation au dialogue :

 

• L’officialisation des langues nationales

 

• L’abrogation de la loi sur les partis

 

• L’abrogation de la loi d’orientation sur l’éducation nationale

 

Il s’agit là de conditions préalables à notre participation au dialogue national. Et pour que ce dialogue s’amorce de la meilleure des manières, il nous parait tout aussi impératif que l’opposition exige d’être associée dès le départ à la définition des points à inscrire à l’ordre du jour. Tout comme elle doit exiger du gouvernement qu’il s’engage à mettre en œuvre les conclusions convenues dans le cadre du dialogue.

 

La Cellule de Communication

 

Fait à Nouakchott, le 13 Avril 2025