Mauritanie : L'IRA dénonce la "chasse aux fonctionnaires dissidents"

Le 25 juin 2025, le communiqué de la réunion hebdomadaire du gouvernement de la République islamique de Mauritanie, sous la direction du Général Mohamed Ould Cheikh Ghazouani Chef de l’Etat annonçait l’éviction de Hamady Lehbouss, jusqu’alors Chargé de mission au ministère de l’Enseignement et de la réforme du système éducatif. Dans le privé, la victime d’exclusion assure le Secrétariat général de l’association Ira-Mauritanie, engagement poursuivi, après sa nomination, sans jamais recevoir, de la tutelle, la moindre remontrance. Désormais, les autorités lui reprochent d’avoir été présent et visible lors de l’accueil, réservé par le député Biram Dah Abeid, à une délégation d’anciens membres de la section France, venus lui rendre visite, deux jours plus tôt, à Dakar.

Substrat

En janvier, pourtant, Hamady Lehbouss, décrochait le grade de Chevalier de l’ordre national du mérite, en reconnaissance de ses qualités professionnelles. La mesure de rétorsion à son endroit n’a rien d’exceptionnel. Parmi les plus récentes victimes, l’on retiendra, entre autres, l’ancien Inspecteur des finances Ahmed Ould Samba ou le journaliste Elkory Ould Sneiba. Les deux partagent, en commun, l’origine servile et l’activisme aux fins d’asseoir l’égalité citoyenne, un déficit chronique à la source des soubresauts de la Mauritanie depuis son indépendance. Ici, il importe de préciser que les cadres de l’Etat, affiliés aux partis de la Majorité présidentielle, en particulier de sa matrice l’Insaf, affichent, non sans zèle et absentéisme au travail, leur alignement partisan. Ils ne maquent l’occasion de se prévaloir d’un tel privilège, au risque de trop sacrifier à l’indécence. La plupart s’en servent comme d’un tremplin pour étoffer, au fil des compromissions, une carrière boursouflée de reniements, de faux semblants et de flagornerie alimentaire. La différence de traitement est ainsi établie, avec récurrence, si l’on considère l’empressement de l’oligarchie tribale à récompenser ses soutiens, en même temps qu’elle s’applique à sévir contre les opposants. In fine, au travers de la décision du Conseil des ministres, ne transparaît qu’une petitesse de facture très subalterne, où s’insinue le poison de la mesquinerie et l’avidité féroce des survivants à la misère, la misère de l’âme.

Diversion

La révocation inélégante de Hamady Lehbouss intervient, peu de temps après l’acharnement de la police anti-émeute, à déguerpir, par la brutalité, les centaines de sympathisants, rassemblés, le 11 juin, sur le site de l’aéroport de Oum Tounsi. La foule, accourue de nuit, voulait porter en triomphe Biram Dah Abeid, de retour d’une tournée d’explication auprès de nos diasporas dans l’hémisphère nord.

Des vieillards, des jeunes et des enfants couverts d’ecchymoses, des voitures immobilisées en plein désert et caillassées, des passagers débarqués sous la menace, rassemblés et roués de coups de crosses de fusils et de matraques policières, des dizaines de jeunes arrêtés, transférés dans des cachots, torturés et privés de sommeil, des femmes et vieillards, privés de leurs véhicules et contraints de braver l’obscurité, sur des dizaines de kilomètres avant de regagner la capitale Nouakchott, voilà comment et se présente le contexte d’une répression dénuée de signes précurseurs dont la soudaineté dévoile l’inclination à nuire, par surprise, hors préavis.

La série de provocations vient confirmer l’ampleur des divergences endogènes au noyau dirigeant. Quand une faction promeut l’initiative du dialogue national et s’y investit avec entrain et persuasion, une ligue adverse, à l’intérieur du même camp, manoeuvre en sens inverse, à coups d’intimidation et de riposte dissuasive. Laquelle des deux incarne la volonté de conciliation ? La cacophonie, le tâtonnement dilettante et les réflexes bédouins de l’improvisation compliquent la réponse à une question qu’impose, néanmoins, l’évidence du réel.

Mémoire, vigilance et constance

Les deux événements – administratif et sécuritaire – soulignent la permanence de la dérive : L’interdiction des partis et le durcissement insurmontable de la loi de légalisation des formations politiques, la norme dite des symboles où l’irrévérence envers le Président et des membres de son clan peut vous conduire en prison, l’immunité des auteurs de la gabegie, du népotisme et de l’auto-attribution des marchés publics, voici de quoi alimenter, quasiment chaque semaine, la chronique d’un sérail dorénavant parvenu au stade faisandé de sa décomposition.

A l’heure, inévitable, de la reddition des comptes, l’amnésie ne sera notre boussole. A l’abri de la revanche et du ressentiment différé, nos juristes compilent les preuves et instruisent à charge. La complaisance et l’oubli accompagnent rarement les ruptures salutaires. Demain, la Mauritanie se relèvera parce que les abonnés séculaires à l’assujettissement cessent de se faire subjuguer. Ils ne courbent plus l’échine et ne cherchent le paradis sous la cheville du maître.

D’ici la délivrance collective, Ira Mauritanie et ses démembrements à l’étranger réitèrent, à Hamady Lehbouss, les marques insignes d’encouragement et de solidarité et redisent, au pouvoir du moment, leur disponibilité à discuter de tout dès lors que les préalables auront été satisfaits.

Nouakchott, 28/06/2025

La commission de communication

Note d’alerte, 28 juin 2025

INITIATIVE DE RESURGENCE DU MOUVEMENT ABOLITIONNISTE