RENCONTRE GHAZOUANI- TRUMP : SI C’ETAIT A REFAIRE 

La rencontre quasi-légendaire dans le bureau ovale n’a pas tourné rond, elle a plutôt tourné en rond. Heureusement pour sept minutes chrono seulement. Ce qui faisait relativement une latoseconde pour deux chefs d’Etat ne s’étant jamais vus, constituait une éternité pour un Trump au caractère trempé dans le fiel. 
 

Tout compte fait, ce n’était pas une surprise. Ghazouani bien éduqué et connu pour sa maitrise de soi, invariablement calme, réfléchi, mesuré dans ses paroles et gestes, n’eut pas de problème outre mesure à absorber le coup tordu aussi dur qu’impromptu, pour éviter que ça tourne en eau de boudins.

Inculture générale.

La bourde diplomatique et le tumulte qui en résulta sont imputables, évidemment, à un président connu pour ses fadaises à donner des hauts-le cœur. On le savait spécialiste éhonté des billevesées. A l’occasion de ce sommet, il en a rajouté une couche : un zéro en culture générale ! Comment un Américain peut-il ne rien savoir sur un pays comme le Liberia ? A moins qu’il ne soit anencéphale ou au moins atteint d’un têtu Alzheimer. 
 

Les enfants du Communiy Collège aux USA savent que le Liberia est une création des Etats-Unis ; qu’au début du IXXe siècle, American Colonization Society proposait le renvoi aux côtes africaines des anciens affranchis des Etats –Unis ; qu’en 1847, lesdits Américano-Libériens (colons malgré eux) ont proclamé l’indépendance du Liberia, devenant ainsi le premier Etat africain moderne, avec une constitution calquée sur celle des Etats-Unis… Et que de surcroît, le Liberia n’a jamais été colonisé par un Etat européen pour pouvoir piper traitre mot non anglais. D’ailleurs, Il y a fort à parier que l’implacable Trump confond Napoléon et Louis XVI.                                                                      

Déjà vu

Le s caractère bilieux de Trump , d’autant plus qu’il n’est pas à Ignoré de Ghazouani, n’est pas extraordinaire. Les annales de l’histoire notent bien des bourdes similaires signées par des dirigeants dignes du Père Ubu. En 1960, excédé par le discours de Lorenzo Sumulong, diplomate phillipin qui a fustigé l’URSS, Nikita Khroutchev frappa de sa chaussure le pupitre des Nations –Unies réunies solennellement en Assemblée Générale. Plus près de nous, en 2009, Kaddafi , le Guide de la révolution libyenne a symboliquement déchiré la charte des Nations-Unies en la jetant sur le mur. Le bouillant président Sankara du Faso, dégainait souvent comme John Wayne, ne craignant d’être châtié de sa téméraire comme Zorro. Quand à Boris Elstine, ce fut le burlesque en série. Bien qu’inconvenants ces actes diplomatiquement répréhensibles n’ont pas empêché les relations internationales de fonctionner.                                                                             

Lapsus linguae

 Les commentaires les plus fous s’étaient propagé comme une trainée de poudre. A qui mieux mieux. Les détracteurs de Ghazouani captèrent la balle au vol, le clouant ardemment au pilori. Pour avoir, disent-ils, parlé français au lieu de l’arabe, pour avoir encenser son hôte particulièrement indélicat, et, surtout, pour avoir dit que « la Mauritanie est un petit pays » Quant à ses soutiens – comme moi – ceux-là, prompts à le dédouaner, excellant dans l’art de plaire, feront de cette sortie par trop controversée « un succès diplomatique ».  
 

Naturellement, tout cela fut véhiculé par la rumeur, ce plus vieux media du monde, qui gonfle comme une baudruche et qui se dégonfle. Sachant que les paroles sont fatalement évanescentes, je préfère regarder vers l’avenir, pour tirer un tant soit peu les enseignements nécessaires, mutatis mutandis. Quand ghazouani dit que la Mauritanie est un petit pays, c’était pour lui un euphémisme ou une litote. Je crois que c’est un lapsus linguae. Il est inconcevable que cela puisse être un dédain ou une condescendance au pays qui l’a vu naître et dont il commande présentement aux destinées. Bref ! comme je l’ai proposé, regardons vers l’avant.                                                         

Se rendre à Canossa

Au bout du compte, un tel embrouillamini ne devrait rien changer aux options stratégiques et les intérêts économiques de la Mauritanie. En dépit de la peccadille, la donne n’a pas changé.  A sa décharge il a bien dit, en revanche que « la Mauritanie est un grand pays, suivant d’autres considérations » Si ça devait recommencer, notre cher Président doit se rendre au besoin à Washington, comme le fit en d’autres temps, Henri IV se rendant Canossa pour rencontrer le Pape.
De Gaulle disait : « les Etats n’ont pas des amis, ils n’ont que des intérêts ». Aussi Ils n’ont pas d’Etat d’âme. Au bout du compte, il n’y a pas de casus belli. Moins encore, un facteur dirimant à des accords de coopération avec la première puissance économique mondiale affichant le slogan univoque : Trade, not Aid.

 Brahim Bakar Sneiba