Mauritanie : briser les conglomérats pour libérer l’économie

En Mauritanie, l’État doit jouer pleinement son rôle d’arbitre pour assurer une répartition équilibrée de la richesse nationale. Notre économie est jeune et fragile. Sans règles claires, nous risquons un système dominé par quelques groupes au détriment de tous.

 

Des conglomérats familiaux concentrent banques, importation, minoteries, BTP, logistique, immobilier, et des positions dominantes dans la pêche et l’agriculture. Un banquier fait de la banque, un industriel l’industrie, un constructeur la construction. Mais chez nous, une poignée de familles contrôle tout, de la farine aux immeubles, du ciment aux crédits, des ressources halieutiques aux terres agricoles.

 

Ce modèle concentre la richesse et ferme les portes aux autres entrepreneurs. Il empêche l’émergence de champions nationaux. Quand un acteur fait tout, il n’excelle dans rien. Pour bâtir des entreprises capables de s’exporter et de rivaliser dans la sous region, il faut encourager la spécialisation.

 

Le problème est aussi social. Emplois et opportunités sont souvent réservés aux membres d’une même famille ou tribu. Cela prive les jeunes talents de transparence et d’égalité des chances et bloque l’émergence d’une classe moyenne.

 

L’État doit intervenir, non pour étouffer l’initiative privée, mais pour instaurer des garde fous. Dans les pays développés, des lois antitrust brisent les monopoles et garantissent un marché compétitif. La Mauritanie doit s’en inspirer pour donner leur chance à tous les entrepreneurs.

 

Casser cette logique et favoriser la spécialisation diversifiera le secteur privé et fera émerger une classe moyenne. L’État ne peut pas la créer directement, mais il peut offrir le cadre et la transparence nécessaires.

 

Le vrai défi de notre pays n’est pas identitaire, mais la mise en place de règles équitables pour tous.

 

Si nous adoptons de vraies lois anti monopoles, de nouveaux entrepreneurs verront le jour, la richesse sera mieux répartie, et chaque société se spécialisera dans son domaine. Toutes contribueront à bâtir une Mauritanie forte.

 

Beaucoup de responsables politiques, majorité comme opposition, hésitent à s’attaquer à ces groupes par crainte de perdre des soutiens. Mais celui qui osera gagnera la confiance de millions de jeunes Mauritaniens.

 

Le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a aujourd’hui l’opportunité de lancer cette réforme en donnant à son Premier ministre Moktar Ould Diay le mandat clair de poser des règles fortes et de les appliquer.

Dahah Hemody