Interview : malgré des activités limitées en 2025, SOS Diabète Mauritanie table sur un ambitieux programme en 2026

La présidente de de SOS Diabète Mauritanie, Mme Habibatou Cissé a accordé un entretien à Rim Infos Online, dans lequel, elle s’est appesantie sur la Journée Mondiale de lutte contre le Diabète, commémorée la semaine passée par son organisation.

L’occasion pour elle également d’évoquer les ambitions de SOS-Diabète Mauritanie et le programme ambitieux qu’elle envisage l’année prochaine tout en saluant les efforts déployés par certaines entités publiques en faveur des personnes vulnérables

Entretien……

Question : Présidente, cette année la journée mondiale de la santé s’est focalisée sur « Diabète et Bien-être », quel est l’état des lieux que vous pouvez faire sur cette maladie en Mauritanie ?

Habibatou Cissé : En Mauritanie, le diabète progresse et constitue un défi de santé publique. Néanmoins, dans tous les centres hospitaliers du pays, il y a des services qui sont consacrés essentiellement pour la consultation, le suivi et la prise en charge du diabète. En ce qui concerne le nombre nous n’avons de chiffres exacts.

Pour faire face à cette maladie, nous militons à avoir un centre de consultation, de dépistage et de prise dédié aux diabétiques. Un centre qui sûrement contribuera à soulager les souffrances des diabétiques. Au niveau de SOS Diabète, l’équipe main dans la main pour vaincre le diabète en Mauritanie.

 

Question : Selon l’OMS, le nombre de personnes diabétiques devrait augmenter en 2025. Quelles sont les principales causes de cette croissance ?

H.C : Vous savez qu’il y a une mondialisation pour ne pas dire une épidémie du diabète mais également pour l’ensemble des maladies chroniques et cela est lié à ce qu’on appelle la transition épidémiologique.

De nombreuses populations étaient à majorité rurales et tout d’un coup, elles ont eu un mode de vie contraire et purement étranger. Cela a contribué au développement de cette maladie. A noter que nous avons aujourd’hui une alimentation riche en calories donc riche en matière grasse et également en glucides. Nous avons également de plus en plus une sédentarisation des populations. Nous constatons que ce qui devrait être mangé à midi est consommé le matin, et ce qui devrait être pris au dîner est consommé au petit-déjeuner. Cela crée un désordre alimentaire, et lorsqu’il y a un désordre alimentaire, nous devenons plus susceptibles de développer le diabète.

 Aujourd’hui, la plupart des fonctionnaires et autres, pour ne pas dire les adultes, ont un véhicule, et même quand on n’a pas de véhicule, on se déplace en voiture d’usage collectif.  Vous voyez les enfants, aujourd’hui dans nos maisons, ils ont tous des jeux, ils sont tout le temps assis devant la télévision, ils sont moins actifs. Du coup, le surpoids et l’obésité vont prendre place, associé à cela l’alimentation déséquilibrée, on va donc avoir une éclosion du diabète et des maladies chroniques.

 

Question : Pour le citoyen lambda, c’est la consommation des aliments sucrés qui est la cause principale du diabète, est ce que cela est vérifié ?

H.C :  La réalité est que nous avons besoin de sucre pour vivre puisque le sucre est le principal élément moteur de l’organisme. Mais très souvent les sucres consommés sont en excès où alors il est dans les aliments et les boissons que nous consommons. C’est pourquoi on a donné la notion d’indicateur de glycémie d’un aliment qui se définit par le pouvoir sucrant de cet aliment. Malheureusement, nous avons une alimentation qui est riche en sucre et en graisse. Et ces facteurs sont à l’origine de la prise de poids, de l’obésité donc l’apparition de maladie métabolique parmi lesquelles le diabète mais également l’hypertension artérielle et les autres maladies cardiovasculaires sont inévitables.

 Question : On nous parle souvent de diabète de type 1 et de diabète de type 2, quelle est la différence entre ces deux types de diabètes ?

H.C :  Ce qu’il faut retenir c’est qu’il y a plusieurs formes de diabète, mais il y a deux principales formes. Le diabète de type 2 qui est le plus fréquent est ce qu’on appelle le diabète de la maturité, qui apparait après un certain âge, généralement chez l’adulte autour de 43 ans et plus et qui augmente avec l’avancée en âge et puis il y a le diabète de type 1 qui est retrouvé le plus souvent chez l’enfant, généralement avant l’âge de trente ans.

Notons que le diabète de type 2 qui est dit diabète de la maturité, est le plus souvent lié à la sédentarisation, et aux mauvaises hygiènes alimentaires, à savoir la consommation excessive de graisse et de produits sucrés, conduisant au surpoids et à l’obésité deux causes du diabète de type 2.

Question : Quelles sont les actions ou activités qui sont généralement menées en Mauritanie pour limiter la maladie ?

H.C :  Au niveau de SOS Diabète, nous travaillons à travers des campagnes de dépistage, de sensibilisation et des journées médicales. C’est vrai en 2025, nos activités étaient très limitées faute de moyens, mais, nous comptons organiser de nombreuses activités et un programme ambitieux durant l’année 2026. Nous avons mis en place des projets et un plan d’action sur lequel nous allons travailler. Permettez moi de souligner que le gouvernement à travers le ministère de la santé travaille sur comment diminuer ce fléau.

Question : Mme la Présidente, dans vos discours vous parlez souvent de la prise en charge. Comment se fait généralement la prise en charge des malades atteints de diabète ?

H.C :  La prise en charge est faite en deux phases, c’est-à-dire quand vous avez un patient que vous dépistez ou découvrez diabétique, il faut déjà savoir si son diabète est compliqué ou pas.

Si le diabète est compliqué en ce moment la prise en charge relève du spécialiste alors que si le diabète n’est pas compliqué, alors la prise en charge peut être réalisé par le médecin habilité à prendre en charge ces cas de diabète. Ce dernier pourra même l’orienter vers un spécialiste.

Je reviens à votre question, la prise en charge est très importante surtout pour les personnes en difficulté, raison pour laquelle j’en parle beaucoup dans mes discours et nos activités. Nous saluons la CNAM, Taazour et la CNASS pour les efforts fournis au profit des personnes vulnérables.

 

Question : Présidente, vous venez de célébrer la journée mondiale du diabète avec une série d’activités et en présence de hauts responsables et des partenaires. Parlez-nous d’un bilan. Et, quel est l’impact de cette journée sur la gestion de cette maladie chronique ?

 H.C :  Effectivement, nous avons pu célébrer cette journée avec une série d’activités et c’est l’occasion pour moi de saluer la présence des autorités, de nos partenaires et du grand public. Et, j’affirme que l’impact a été positif, au moment où beaucoup de programmes et projets s’intègrent dans la prise en charge du diabète en Mauritanie et que nous parlons de plus en plus de cette maladie, cette journée lui est consacrée.

Elle est bien appréciée parce qu’elle permettra de renforcer la sensibilisation des populations sur ce mal pour que les gens s’y intéressent et connaissent les signes pour savoir qu’on a la maladie et les méthodes à utiliser pour la prévention par une amélioration de son mode de vie et de ses habitudes alimentaires, par une activité physique. Je précise ici que le comportement doit être régulier afin d’éviter les complications, notamment les amputations, les AVC, les atteintes oculaires, la cécité, les comas, etc...

 

Question : Un mot pour nos lecteurs

H.C :  je tiens à signaler que notre pays est à un stade important de la prise en charge de cette maladie, donc l’espoir est permis pour nos patients diabétiques. Lorsque cette prise en charge du diabète non compliqué aura atteint sa vitesse de croisière, on pourra s’attendre à ce que les complications de la maladie puissent diminuer et même baisser pour le bien être des patients mais également par le biais de la sensibilisation pour moins de nouveau cas de diabète. C’est ce qui nous amène à espérer pour le lendemain.

Je rappelle que le lendemain de la journée mondiale du diabète, nous avions organisé une marche réussie en collaboration avec la mairie d’El Mina. Cela signifie que la marche est l’un des sports du diabétique.

Nous parlons du sport. Il faut pratiquer un sport régulier pour permettre au corps d’éliminer les toxines issues de la digestion des aliments. Il est également important de boire suffisamment d’eau, 2 litres par jour, pour permettre au corps d’éliminer, à travers les urines et la sueur, les toxines présentes dans l’organisme. Il faut éviter de manger trop gras pour contrôler son poids. Perdre du poids, en cas de surcharge pondérale, permet d’améliorer, voire de corriger les glycémies, et cela est très important.

Aboubakrine SIDI - RIM INFOS