Maghreb: La Mauritanie mise gros sur l’avenir de l’hydrogène vert

Face aux défis climatiques croissants, la transition énergétique s’accélère à l’échelle mondiale. L’hydrogène vert, produit à partir d’électricité renouvelable, émerge comme une solution prometteuse pour décarboner divers secteurs industriels. De nombreux pays investissent massivement dans cette technologie, reconnaissant son potentiel pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et diversifier leurs sources d’énergie. Cette tendance s’inscrit dans un mouvement plus large visant à développer des alternatives aux combustibles fossiles, stimulée par les objectifs climatiques internationaux et les préoccupations liées à la sécurité énergétique.

 

La Mauritanie se positionne comme un acteur clé dans cette révolution énergétique. Selon la plateforme MSGBC, le pays pourrait s’approprier 1,5% du marché mondial de l’hydrogène vert d’ici 2050. Cette ambition repose sur des projets d’envergure visant à produire 12,5 millions de tonnes d’hydrogène vert annuellement d’ici 2035.

 

Les atouts naturels de la Mauritanie jouent en sa faveur. Dotée d’abondantes ressources solaires et éoliennes, le pays dispose d’un potentiel considérable pour la production d’énergies renouvelables. Cette richesse naturelle constitue un avantage compétitif majeur pour le développement d’une industrie de l’hydrogène vert à grande échelle.

 

Le gouvernement mauritanien a pris des mesures concrètes pour exploiter ce potentiel. En 2020, le pays a adopté une stratégie nationale visant à transformer son secteur énergétique, avec l’objectif ambitieux d’atteindre 60% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2030. Cette vision s’est récemment matérialisée par la signature d’un protocole d’accord avec BP lors de la COP27, ouvrant la voie à un projet susceptible de générer 2 millions de tonnes d’hydrogène vert par an.

 

Deux autres projets d’envergure, proposés par CWP Global et Chariot Ltd en partenariat avec TotalEnergies, sont actuellement en phase de préfaisabilité. Ces initiatives représentent un investissement potentiel de 60 milliards de dollars, soulignant l’ampleur des opportunités perçues dans ce secteur émergent.

 

La Mauritanie pourrait également bénéficier d’un marché intérieur pour l’hydrogène vert. En tant que producteur important de minerai de fer et de cuivre, le pays pourrait utiliser cette technologie pour décarboner son secteur minier, créant ainsi une synergie entre ses différentes industries.

 

Cependant, le développement de cette filière n’est pas sans défis. Des incertitudes techniques et économiques persistent, notamment concernant la compétitivité des coûts de production par rapport à d’autres technologies propres. De plus, la mise en place d’un cadre réglementaire adapté sera cruciale pour garantir une gestion responsable et durable de ce nouveau secteur.

 

Pour relever ces défis, le gouvernement mauritanien collabore avec des partenaires internationaux tels que l’Unité de soutien de CONNEX et l’Union européenne pour élaborer le cadre juridique et réglementaire nécessaire. L’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) pourrait jouer un rôle clé dans ce processus, en améliorant la supervision des projets et en renforçant la transparence dans le secteur.

 

La Mauritanie adopte une approche holistique de son développement énergétique, intégrant le gaz naturel et les énergies renouvelables dans une stratégie commune. Cette vision à long terme vise à positionner le pays comme une plaque tournante régionale pour les exportations d’énergie et les industries à faible émission de carbone d’ici 2040

Cédric Amoussou

lanouvelletribune.info