Au Sénégal, Lat Diop, ancien ministre des Sports sous Macky Sall, est devenu l’un des premiers cadres de cette époque à faire face à des poursuites pour des délits économiques. Il est également le premier ex-membre du gouvernement à être incarcéré. Il a été inculpé et placé en détention, en lien avec des accusations concernant son ancien poste de directeur de la Lonase, la Loterie nationale du Sénégal.
Accusations contestées par Lat Diop
Les accusations qui pèsent sur Lat Diop ont été déclenchées par les déclarations de Mouhamed Dieng, ancien patron d’une société de paris sportifs en ligne. Lors de son audition par le nouveau pool judiciaire financier, Mouhamed Dieng a affirmé avoir remis plusieurs milliards de francs CFA à Lat Diop, alors PDG de la Lonase.
Lat Diop a rejeté ces accusations. Il est inculpé pour extorsion, détournement de fonds et blanchiment d’argent. Son avocat, Me El Hadj Diouf, qualifie ces accusations de « délation » et dénonce une violation des délais légaux de la garde à vue, ce qui, selon lui, rendrait la procédure nulle. Il prévoit de contester la validité de la procédure dès la semaine prochaine.
Candidature aux élections législatives
Me Diouf souligne également l’absence de preuves matérielles, comme un audit ou un rapport de la Lonase, pour soutenir ces accusations, et il voit dans cette affaire une manœuvre politique, visant à discréditer les anciens dirigeants. Jeudi, le Premier ministre Ousmane Sonko a réitéré son engagement à lutter contre la « corruption généralisée » et a promis des enquêtes approfondies pour assainir la gestion publique.
Lat Diop préparait une candidature aux élections législatives prévues le 17 novembre dans la circonscription de Guédiawaye. Ses partisans et les membres de l’ancienne majorité rejettent les accusations de mauvaise gestion, les qualifiant de tactiques politiques visant à affaiblir leurs candidats. Une manifestation prévue par la nouvelle Alliance pour la transparence des élections législatives (Atel) a été interdite par les autorités.
Contexte électoral et tensions politiques
En réponse aux accusations de détournements et autres irrégularités financières portées par le Premier ministre, Abdou Mbow, ancien député et porte-parole de l’Alliance pour la République (APR), soupçonne une stratégie politique. Il accuse Ousmane Sonko de mener une « campagne électorale avant l’heure » pour tenter de redorer son image dans une période où il se trouve, selon Mbow, en « mauvaise posture ».
Le Sénégal a toujours été considéré comme un modèle de démocratie stable en Afrique, notamment grâce à ses transitions politiques pacifiques. Le processus d’alternance qui a vu Bassirou Diomaye Faye accéder à la présidence en remplacement de Macky Sall s’inscrit dans cette tradition démocratique, mais il a également été marqué par des défis et tensions politiques.
La fin de l’ère Macky Sall
Macky Sall, au pouvoir depuis 2012, avait promis de ne pas briguer un troisième mandat en respectant les dispositions constitutionnelles. Cependant, des débats intenses ont agité le pays quant à la possibilité de sa candidature pour un autre mandat. Malgré les pressions politiques et les manifestations populaires, Macky Sall a finalement confirmé en juillet 2023 qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle prévue en 2024, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère politique.
Le renoncement de Macky Sall a créé un climat d’incertitude et de compétition intense parmi les figures politiques du pays, chacune cherchant à se positionner pour lui succéder. Dans ce contexte, Bassirou Diomaye Faye, un jeune leader charismatique issu du mouvement politique Pastef (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), s’est imposé comme un acteur central.
L’émergence de Bassirou Diomaye Faye
Ancien secrétaire général du Pastef et proche allié d’Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye a su tirer profit de la popularité grandissante de son parti et de la demande de renouvellement exprimée par une grande partie de la jeunesse sénégalaise. Avec un discours axé sur la transparence, la justice sociale et la lutte contre la corruption, il a séduit une frange importante de l’électorat, notamment les jeunes et les classes moyennes.
Après l’élimination de plusieurs candidats de premier plan en raison de conflits judiciaires ou d’inéligibilité, Bassirou Diomaye Faye s’est positionné comme le candidat favori. Son accession à la présidence est le résultat d’une stratégie politique bien orchestrée, combinée à un ras-le-bol général des pratiques perçues comme oligarchiques sous le régime de Macky Sall.
Un processus électoral tendu mais pacifique
L’élection présidentielle de 2024 s’est déroulée dans un climat politique tendu. La campagne a été marquée par des accusations de répression contre l’opposition et des manifestations sporadiques. Néanmoins, le processus électoral s’est globalement déroulé de manière pacifique et transparente, avec la Commission électorale nationale autonome (CENA) jouant un rôle crucial pour assurer la crédibilité du scrutin.
Bassirou Diomaye Faye a remporté l’élection avec une majorité confortable, grâce à une coalition formée avec d’autres partis d’opposition. Son élection a été perçue comme un tournant majeur dans l’histoire politique du Sénégal, symbolisant une rupture avec les élites traditionnelles du pays.
Lutte contre la corruption
L’arrivée de Bassirou Diomaye Faye à la présidence marque un nouveau chapitre pour le Sénégal, mais il fait face à des défis considérables. Il doit notamment restaurer la confiance des citoyens dans les institutions, gérer les tensions socio-économiques, et répondre aux attentes élevées de ceux qui espèrent des réformes structurelles dans la lutte contre la corruption, la gouvernance et la justice sociale. C’est dans le cadre de la lutte contre la corruption que Lat Diop a été arrêté
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