Ces derniers jours, plusieurs milliers de jeunes Mauritaniens, majoritairement issus des communautés noires, se sont massivement présentés pour déposer leur candidature au Concours National de la Protection Civile (service des sapeurs-pompiers). Cette scène impressionnante de bousculades, d’interminables files d’attente, de jeunes venus parfois de très loin dans des conditions précaires, n’est pas un simple fait divers : elle révèle l’ampleur du désespoir social et des inégalités structurelles qui minent notre pays.
Un indicateur de la crise de l’emploi et du désespoir social
La ruée vers un concours pourtant très exigeant et difficile n’est pas motivée uniquement par un élan de vocation. Elle traduit la rareté extrême des opportunités d’emploi, en particulier pour les jeunes issus des communautés historiquement marginalisées. Face au chômage massif, aux discriminations dans l’accès à l’emploi public, et à l’absence de perspectives économiques dans de nombreuses régions, le moindre concours d’État devient une bouée de sauvetage, même si les places sont rares et les conditions éprouvantes.
Une fracture ethnique et sociale flagrante
Le fait que la majorité des candidats soient des jeunes noirs n’est pas anodin. Cela illustre la persistance d’un système d’exclusion où une grande partie de la jeunesse négro-mauritanienne se retrouve enfermée dans un cercle de pauvreté, d’exclusion éducative et professionnelle, et de marginalisation institutionnelle. Ce phénomène montre clairement qu’une partie importante de la population ne trouve sa place ni dans l’économie formelle ni dans l’administration publique classique.
Une aspiration à la reconnaissance et à l’intégration
Malgré l’injustice historique et les discriminations structurelles, ces jeunes cherchent à s’intégrer dans les institutions de l’État, à devenir des acteurs au service de la nation, notamment dans des métiers difficiles, risqués, mais porteurs de sens, comme celui de pompier. C’est une quête de reconnaissance, de dignité, et d’égalité au sein d’un État qui, jusqu’à présent, les a souvent laissés à la marge.
Une responsabilité politique majeure
Cette situation interpelle directement les autorités. Elle impose d’urgence une réforme profonde des politiques publiques en matière d’emploi, d’inclusion et d’égalité des chances. Il ne s’agit pas seulement d’ouvrir quelques concours supplémentaires, mais de :
• Réformer le système éducatif pour offrir à tous des formations de qualité adaptées au marché du travail.
• Mettre en œuvre des politiques actives d’emploi ciblant les jeunes, en particulier dans les régions marginalisées.
• Garantir la transparence et l’équité dans les concours publics, en éliminant toute forme de favoritisme ethnique ou régional.
• Ouvrir l’accès aux institutions de souveraineté (armée, gendarmerie, protection civile, administration) à toutes les composantes nationales de manière équilibrée et équitable.
Le besoin d’un nouveau pacte social
Ce phénomène rappelle de manière brutale que la cohésion nationale est fragile si elle n’est pas fondée sur la justice, l’égalité des chances et la reconnaissance effective de la diversité mauritanienne. Il est impératif de bâtir un nouveau pacte social, fondé sur l’inclusion réelle de toutes les communautés dans les sphères économique, sociale et politique wetov .