Alors qu’il recevait le 23 février 2024, un rapport de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), des mains de son président, Elysée Ouédraogo, le président de la transition du burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, avait assuré pourtant vouloir accompagner la Céni pour la réussite des élections à venir.
Mais, quelques mois plus tard, en mai, des assises ont fixé à cinq ans la transition militaire. Enfin, début avril, Ibrahima Traoré a affirmé que le Burkina Faso n’est pas dans une démocratie, mais dans la révolution.
Pour l’artiste musicien burkinabè en exil, Almamy KJ, la dissolution de la Céni suit une logique de déstructuration de la démocratie.
"Ce n’est pas une affaire de dire que l’institution est budgétivore. Non, c’est la continuité de la liquidation des acquis démocratiques du Burkina Faso. Si la junte au pouvoir enlève, torture des citoyens, ce n’est pas supprimer la Céni qui leur posera un problème. C'est la continuité de la dictature."
Limiter les influences étrangères
Emile Zerbo, le ministre d’Etat, chargé de l’Administration territoriale, s’inscrit dans le cadre de la refondation de l’Etat. Il explique que le but est de renforcer le contrôle du Burkina Faso sur le processus électoral pour limiter les influences étrangères.
Emile Zerbo évalue à près d’un demi-milliard de francs CFA la subvention accordée à la Céni et conclut qu’elle est "budgétivore". C'est désormais son ministère qui va organiser les élections.
Babacar Ndiaye est directeur de recherche au cercle de réflexion Wathi, basé à Dakar, au Sénégal. Il souligne que l’important est la confiance qu’on pourra accorder à une élection organisée par le gouvernement.
"La question de la neutralité du ministère de l’Administration territoriale ou celui de l’Intérieur a souvent été évoquée. Dire que si c’est le ministère de l’Intérieur qui l’organise, cela revient à faire des économies, cela peut être aussi pertinent par rapport aux finances publiques, pourquoi pas ? Mais encore une fois, le plus important, finalement, lorsqu’on organise une élection, c’est la confiance que les acteurs ont par rapport au processus."
Les militaires burkinabè cherchent par ailleurs à mettre la main sur un organe dont le contrôle leur échappait. Selon la loi de 2001, portant sur la Céni, cette institution est composée de 15 commissaires issus des partis politiques et de la société civile.