Publié discrètement pendant les assemblées du FMI à Washington, un document budgétaire révisé révèle que le Sénégal a revu à la hausse de 5,8 milliards de dollars ses projections de service de la dette sur trois ans, d'après Reuters
Les chiffres donnent le vertige. Dans un document budgétaire révisé publié discrètement la semaine dernière, le gouvernement a revu drastiquement à la hausse ses prévisions de service de la dette pour les trois années à venir, rapporte l'agence Reuters dans une dépêche du 21 octobre signée par la journaliste Libby George.
Pour 2026, les paiements totaux sur le principal et les intérêts sont désormais projetés à 5,49 billions de francs CFA, soit une augmentation de plus de 11% par rapport aux projections de juin dernier. Mais c'est pour les années suivantes que l'explosion est la plus spectaculaire : pour 2027, le chiffre total du service de la dette a bondi de près d'un tiers pour atteindre 4,41 billions de francs CFA, tandis que pour 2028, il s'est envolé de près de 50% pour atteindre 4,97 billions de francs CFA.
Au total, cette révision représente une hausse d'environ 3,2 billions de francs CFA, soit 5,8 milliards de dollars, sur trois ans.
Le document a été publié pendant les assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Washington, où le Sénégal a entamé des négociations avec le Fonds pour un nouveau programme de prêt. Un timing qui ne doit rien au hasard, alors qu'une nouvelle mission du FMI est prévue au Sénégal du 22 octobre au 4 novembre.
"Il n'était pas immédiatement clair pourquoi le gouvernement avait révisé les chiffres à la hausse", note Reuters. La porte-parole du ministère sénégalais des Finances n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire de l'agence.
Cette opacité sur les raisons de ces révisions massives contraste avec les promesses de transparence du nouveau régime et intervient dans un contexte déjà tendu avec les institutions financières internationales.