La Russie a exprimé son souhait de voir s’instaurer un dialogue pragmatique et mutuellement bénéfique entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Alliance des États du Sahel (AES), deux ensembles ouest-africains. Cette position a été formulée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d’un échange avec le président de la Commission de la CEDEAO, Omar Alieu Touray, en marge de la deuxième Conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie–Afrique, tenue au Caire, les 19 et 20 décembre 2025.
Moscou a souligné la nécessité d’identifier des réponses communes face aux défis partagés, en particulier la lutte contre le terrorisme et la dégradation de la situation sécuritaire dans l’espace sahélo-saharien.
Cette démarche diplomatique s’inscrit dans un contexte géopolitique marqué par le renforcement des relations entre la Russie et les pays membres de l’AES. Depuis les coups d’État survenus au Mali en août 2020, au Burkina Faso en septembre 2022 et au Niger en juillet 2023, ces États ont rompu leurs accords de défense avec la France et se sont rapprochés de Moscou, notamment dans le domaine militaire, faisant de la Russie l’un de leurs principaux partenaires internationaux.
L’initiative russe intervient alors que les relations entre la CEDEAO et l’AES, créée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger après leur retrait de l’organisation régionale, demeurent marquées par des tensions politiques. Cette situation contraste avec la persistance de menaces sécuritaires transfrontalières, qui continuent d’affecter l’ensemble de la région ouest-africaine et sahélienne, rendant la coopération régionale stratégique sur les plans sécuritaire et institutionnel.
Dans ce contexte, certaines décisions récentes de la CEDEAO traduisent une volonté de maintenir des passerelles de coopération avec les pays de l’AES. La Conférence des chefs d’État et de gouvernement a en effet admis le Burkina Faso, le Mali et le Niger comme membres non-CEDEAO du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) et a validé la poursuite de leur participation à la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) sous un statut de pays non régionaux, tout en réaffirmant l’importance d’une coordination régionale renforcée dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité.